Punk

Dès 1977, il se disait des choses comme "le punk est mort le jour où The Clash a signé chez CBS." La crucifixion n'a pourtant pas eu lieu et, loin d'appartenir au musée de cire de la pop culture, le punk ressemble toujours à ce jeune délinquant indomptable qui trimballe sa morgue et son arrogance fielleuse comme aux grandes heures où il battait le pavé de Kings Road. Certes, la mode l'a récupéré à maintes reprises, les Sex Pistols ne nous ont pas épargné une reformation sous Viagra et Joe Strummer, comme les trois-quarts des Ramones originels, s'en sont allés "straight to hell". Personne n'ose plus beugler "no future" sans risquer de récolter pour tout écho des ricanements embarrassés, et les punks (désormais "à chien") ne terrorisent plus aucune place de village sur leur passage. Reste toutefois cet esprit, parti à l'époque d'une volonté de secouer la musique endormie par le rock progressif, auquel allait répondre un rock agressif, bête et méchant, joué sur deux cordes (dont une corde raide) et autant d'accords. Un esprit qui anime toujours la jeunesse internationale lorsqu'il s'agit de dynamiter les conventions et de choquer la conscience bourgeoise. L'esprit punk s'est donc réincarné souvent loin de la musique punk pour devenir ce mot générique, cinglant et épineux, qui qualifie tel film, tel livre ou telle attitude en rupture avec les codes de la courtoisie, tel un mal nécessaire opposé au "bien inutile" qui anesthésie trop souvent la création.